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Читаю литературу и поэзию на французском языке.
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2022-05-13 22:56:52 « D’où vient que ce qui se produit inlassablement sous nos yeux, et qui est le plus effectif, est patent, certes, mais ne se voit pas ?
Effectif, à coup sûr : tant un effet de réel s’y fait, au bout du compte, le plus brutalement sentir et nous revient en plein visage. Car il ne s’agit pas là d’une invisibilité intérieure, secrète, psychologique, celle qui serait des sentiments ; ni de l’invisibilité des idées, que la philosophie a décrétée d’emblée d’une autre essence que le sensible. Non, l’invisibilité dont je parle est propre au « phénomène » et fait son paradoxe : ce qui ne cesse de se produire et de se manifester le plus ouvertement devant nous – mais si continûment et de façon globale – pour autant ne se discerne pas. Discret par sa lenteur en même temps que trop étale pour qu’on le distingue. Il n’y a pas là éblouissement soudain qui aveuglerait le regard par son surgissement ; mais, au contraire, le plus banal : ce partout et tout le temps offert à la vue, de ce fait même, n’est jamais perçu – on n’en constate que le résultat. »

François Jullien, Les transformations silencieuses, 2009.
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2022-05-09 22:29:29
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2022-05-09 22:29:29 À partir de là, où pouvons-nous trouver un espace de liberté et un moyen de dépasser ces contraintes ? En ce qui me concerne, je l'ai cherché dans l'articulation de plusieurs choses, et en particulier dans la formulation d'une pensée préalable. Alors faut-il employer le mot « concept » ou pas ? Je l'ai utilisé très tôt, je sais que c'est un mot qui, philosophiquement, est approprié. Alors, ensuite, on peut préférer parler de « percept » et d'« affect » en référence à Deleuze, mais le problème n'est pas là. Le problème est de pouvoir articuler chaque projet à un concept ou à une idée préalable, avec une stratégie très particulière qui mettra en synergie - ou bien quelquefois en contradiction - des perceptions qui vont nouer entre elles une relation et qui vont définir un lieu qu'on ne connaît pas. On est toujours dans le domaine de l'invention, dans le domaine du non-savoir, dans le domaine du risque. Ce lieu qu'on ne connaît pas, si on se débrouille bien, il pourrait être celui d'un certain secret. Et il pourrait, à partir de là, véhiculer des choses, des choses qu'on ne maîtrise pas, des choses qui sont de l'ordre du fatal, qui sont de l'ordre du volontairement incontrôlé. Il faut trouver un dosage entre ce que l'on contrôle et ce que l'on provoque. Tous les bâtiments que j'ai essayé de réaliser jusqu'à maintenant sont basés sur l'articulation de ces trois choses. Ils font référence, ensuite, à une notion qui, je le sais, t'intéresse, et qui est celle de l'illusion.


Jean Baudrillard & Jean Nouvel, Les objets singuliers, Architecture et philosophie, 2000.
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2022-05-09 22:29:29 Jean Baudrillard. Je ne me suis jamais intéressé à l'architecture, je n'ai pas de sentiment spécifique à son sujet. Je me suis intéressé à l'espace, oui, et à tout ce qui dans les objets dits « construits » me rend le vertige de l'espace. Ce sont plutôt des édifices tels que Beaubourg, le World Trade Center, Biosphère 2 qui me passionnent, c'est-à-dire des objets singuliers, mais qui ne sont pas exactement pour moi des merveilles architecturales. Ce n'était pas le sens architectural de ces bâtiments qui me captivait, mais le monde qu'ils traduisaient. Si je prends la vérité d'un édifice comme celui des deux tours du World Trade Center, à cet endroit-là l'architecture exprime, signifie, traduit dans une sorte de forme pleine, édifiée, le contexte d'une société où effectivement se dessine déjà une époque hyper-réelle. Ces deux tours ont l'air de deux bandes perforées. Aujourd'hui, on dirait sans doute qu'elles se clonent l'une l'autre, qu'elles sont déjà dans le clonage. Est-ce qu'elles étaient une anticipation de notre temps ? Est-ce que l'architecte est donc non pas dans la réalité, mais dans la fiction d'une société, dans l'illusion anticipatrice ? Ou bien est-ce que l'architecte traduit tout simplement ce qui est déjà là ? C'est pourquoi je t'ai posé la question : « Est-ce qu'il y a une vérité de l'architecture », au sens où il y aurait une destination supra-sensible de l'architecture et de l'espace ?

Jean Nouvel. Avant de répondre à ta question, je voudrais dire que ce dialogue est une occasion exceptionnelle de parler de l'architecture en d'autres termes que ceux dont on use d'habitude. Je considère, tu le sais, que tu es l'intellectuel qui assume sa fonction actuellement. Autrement dit, par rapport à toutes les questions qui dérangent, par rapport à toutes les vraies questions, tu as des assertions, des questionnements qui sont ceux que personne ne veut entendre. Je ne sais pas si je peux arriver, ce soir, à provoquer des assertions dans un domaine que tu prétends ne pas connaître, qui t'intéresse peu, mais je vais essayer. J'ai un peu reparcouru tes livres ces derniers temps, et j'ai eu la satisfaction de constater que tu n'avais jamais autant parlé d'architecture que dans un certain entretien, réalisé il y a maintenant douze ans, entre nous. C'est là où j'ai trouvé le plus de choses qui correspondent à une pensée sur l'architecture, au-delà de tes écrits sur New York ou sur Beaubourg. J'ai noté quelques-unes de tes réflexions sur les monstres que représentent les grands projets et sur certaines prises de position radicales qui sont de nature à nous poser un bon nombre de questions.

Si on essaie de parler d'architecture en tant que limite - et c'est bien ce qui m'intéresse -, c'est en se situant toujours sur cette frange du savoir et du non-savoir. C'est bien celle-là, l'aventure de l'architecte. Et cette aventure, elle se situe dans un monde qui est réel, dans un monde qui implique un consensus. Tu dis, quelque part, que pour qu'il y ait séduction il faut qu'il y ait consensus. Or, le métier de l'architecte est un métier qui, par la force des choses, tourne autour du mode de séduction. L'architecte est dans une situation très particulière, il n'est pas un artiste au sens traditionnel, ce n'est pas quelqu'un qui médite devant sa feuille blanche, ce n'est pas quelqu'un qui travaille devant sa toile, je le compare souvent au réalisateur de cinéma parce que nous avons à peu près les mêmes contraintes, on se met dans une situation où l'on doit produire, dans un temps précis, avec un budget donné et pour des personnes données, un objet. Et l'on travaille avec une équipe. On est dans une situation où l'on va être censuré, de façon directe ou indirecte, au nom de la sécurité, au nom du fric, au nom même d'une censure qui est avouée. On a, dans notre métier, des censeurs professionnels. Un architecte des bâtiments de France, on pourrait l'appeler « censeur des bâtiments de France ». C'est exactement la même chose. On se situe dans un terrain qui est borné, limité.
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2022-05-04 23:49:39
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2022-05-04 23:49:39 « On peut trouver plusieurs raisons, toutes excellentes, pour ne pas l’aimer. Curzio Suckert dit Malaparte (1898-1957), ce sacré Toscan comédien et martyr, est le modèle même de l’écrivain de qualité qui paie son talent avec les défauts, voire les vices de l’homme : mythomane, exhibitionniste, avide d’argent et de plaisirs, « caméléon » prêt à servir tous les pouvoirs et à s’en servir à ses fins, sorte de Cagliostro des lettres modernes. Cet ouvrage se propose de réfuter ces clichés, dans la mesure du possible, en montrant la cohérence intime et la modernité de cet interprète prophétique de la décadence de l’Europe face aux nouvelles puissances globales (URSS, Etats-Unis, Chine) et aux idéologies de masse : fascisme, communisme, tiers-mondisme. Ecrivain cosmopolite, à la sensibilité tôt éveillée par les carnages de la Grande Guerre, dont il fit l’expérience comme volontaire en France, un an avant l’entrée en guerre de son pays natal ; conspirateur rentré, aux allures de broussard ; homme politique roué, qui semblait être en délicatesse avec ce régime fasciste qui l’a longtemps comblé d’honneurs et de prébendes ; envoyé spécial sur tous les fronts de guerre, capable de passer des salons aux tranchées, des usines aux longues marches, des bûchers aux bénitiers, de Lénine à Staline, de Mussolini à Mao, des anarchistes au Pape ; militant de toutes les causes et de leur contraire,il a été le précurseur de l’engagement brouillon des intellectuels contre l’ordre bourgeois, pour un public de bourgeois médusés et apeurés.

S’il a choisi à tout moment de s’embourber dans « le sang, la volupté et la mort », chantés par Barrès dans la génération précédente, Malaparte a enjambé tous les courants de son époque sans tremper véritablement dans aucun d’eux. C’est qu’il se souvient toujours d’être intellectuel avant d’être engagé, et que tout passe, lasse et se remplace sauf la mission de témoigner. Aucune profession de foi ne peut ni ne doit endiguer le talent, car aucune cause ne mérite qu’on la prenne trop au sérieux. Cela prouve son ambiguïté, mais également son besoin inassouvi de liberté, l’amplitude de son individualisme, le refus de s’attrouper dans aucun parti, fût-il le plus alléchant. Malaparte se retrouve tout entier dans un tourbillon d’attitudes « ondoyantes et diverses », au milieu des vies et légendes toujours recommencées, où nous allons chercher de le suivre et de dénicher ses faux-semblants.

Cet homme, qui semblait vivre pour la galerie, cherchait le silence pour s’y retrouver. Provocateur-né mais idéologiquement inutilisable, il tenta à plusieurs reprises la seule carrière qui ne lui convenait assurément pas, celle de politicien. C’est sans doute la raison pour laquelle aujourd’hui aucune des familles de droite ou de gauche où il fit des séjours plus ou moins longs ne le reconnaît comme sien et le traite de girouette, de traître, au mieux de joyeux luron. Ces jugements faciles sont à son honneur. Qui a eu trop d’allégeances n’en suscite réellement aucune. A force de vouloir être toujours pour, Malaparte aura finalement réussi à devenir contre ; donc, à devenir nôtre. »


Maurizio Serra, Malaparte, vies et légendes, 2011.
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2022-05-03 22:34:45
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