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Читаю литературу и поэзию на французском языке.
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2021-03-07 23:35:22
La famille Saint Bris.
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2021-03-07 23:35:22 « L’aristocrate ne se définit pas par les privilèges qu’on lui attribue ni par ceux dont il s’empare. L’aristocrate est libre, suprêmement libre. Libre en demeurant fidèle à ses valeurs, autant que libre quand il échappe à sa condition. L’honneur de l’aristocratie est de servir. La compassion est son code secret, sa ligne de conduite.
Enfant dans le Val de Loire, face au portail du Clos Lucé, manoir de brique et de pierre, où Léonard de Vinci achevât sa vie et rendit l’esprit, je rêvais déjà devant la devise de ma famille : « Dieu avant tout ». Mais notre père, Hubert Saint Bris, jeune lieutenant au Premier bataillon de Choc, héros de la guerre et diplomate, l’avait traduite à sa manière… et c’était mieux : « Rien sans amour ».
L’aristocrate est noble parce qu’il sert les plus belles causes avec honneur. Il perd son panache et son statut quand il tombe dans la pire des servitudes, celle de la cour. L’aristocrate est lui-même lorsqu’il est libre, encore plus lui-même lorsqu’il est rebelle. L’aristocrate est fidèle à ses valeurs lorsqu’il reste et qu’il résiste, il est encore dans la ligne de son idéal lorsqu’il fait le choix de partir pour la bonne cause. Charles de Gaulle à Londres ou Roland de La Poype, jeune aviateur de la France libre, quand il se rend en Russie pour s’engager dans l’escadrille Normandy-Niémen où lui, le jeune marquis, finira décoré de la médaille des héros de l’Union soviétique. Les aristocrates ne sont pas une race, ils sont eux-mêmes de toutes les ethnies, rien à voir avec la couleur de leur peau. On dit qu’ils ont le sang bleu, oui, c’est une image parce que c’est avec cette encre-là, au prix de leur vie, qu’ils écrivent l’Histoire.
Comme j’aime l’Histoire de ces cadets de familles qui ont quitté leur manoir, leur gentilhommière, leur campagne, leur forêt, pour découvrir le monde ! Par quel miracle ont-ils ce don prodigieux en lâchant tout de se retrouver partout chez eux et parfois souverains chez les autres ?
Dans la bibliothèque du monde, sur toutes les étagères de la planète, je les vois debout ! Ils sont des livres au garde-à-vous dans la collection des petits soldats de nos rêves d’enfant.
J’ai toujours pensé que grandir consistait à se comparer à plus grand que soi et à tenter de s’élever jusqu’au niveau de son modèle. L’admiration est pour moi la meilleure des écoles, c’est la plus belle des universités.
Être tout à la fois aristocrate et rebelle pourrait, à première vue, passer pour contradictoire. Et pourtant, les deux termes sont bien souvent complémentaires, pour ne pas dire connexes, dans la mesure où, par éducation, par culture et par tradition, les aristocrates détestent, plus que tout, la routine, le conformisme et les préjugés. Parce que, à l’origine de toute famille aristocratique, se trouve toujours un homme qui, à un moment donné, a dit non en s’engageant, les aristocrates qui tiennent à la tradition peuvent, plus facilement que les autres hommes, incarner la contestation, la rébellion et même, parfois, la révolution, c’est à dire, en un mot, affirmer pleinement leur liberté d’être.
Le terme d’aristocrate signifiant littéralement pouvoir de quelques-uns, ces derniers, forcément, se doivent d’être sinon toujours les meilleurs, du moins les plus sincères, les plus originaux et les plus percutants, quels que soient les domaines dans lesquels ils ont décidé de s’investir ou de s’engager, la politique, l’armée, l’écriture, l’art, la science, l’humanitaire, la religion, ceux-ci n’étant pas exhaustifs. N’oublions pas que la plupart de ceux qui ont mené, contre la régence d’Anne d’Autriche, cette révolte qu’on appela la Fronde, étaient, derrière Condé et quelques autres, de haute noblesse, tout comme ceux qui, au siècle des Lumières, derrière Conti, Montesquieu ou Condorcet, pour n’en citer que quelques-uns, accueillirent et diffusèrent les idées nouvelles. »

Gonzague Saint Bris, Aristocrates rebelles, 2017.
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2021-03-06 23:34:32
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2021-03-06 23:34:32 « Une première définition de la littérature s’appuie sur deux propriétés distinctes. Génériquement, l’art est une « imitation », différente selon le matériau qu’on utilise ; la littérature est imitation par le langage, tout comme la peinture est imitation par l’image. Spécifiquement, ce n’est pas n’importe quelle imitation, car on n’imite pas nécessairement le réel mais aussi bien des êtres et des actions qui n’ont pas existé. La littérature est une fiction : voilà sa première définition structurale.
La formulation de cette définition ne s’est pas faite en un jour, et on s’est servi de termes très variés. On peut supposer que c’est elle qu’a en vue Aristote lorsqu’il constate, premièrement, que la représentation poétique est parallèle à celle qui se fait « par les couleurs et les figures » (Poétique, 1447a) ; et, deuxièmement, que « la poésie traite plutôt du général, la chronique du particulier » (1451b ; cette remarque vise aussi autre chose, en même temps) : les phrases littéraires ne désignent pas les actions particulières, qui sont les seules à pouvoir se produire réellement. A une autre époque, on dira que la littérature s’apparente au mensonge ; Frye a rappelé l’ambiguïté des termes « fable », « fiction », « mythe », qui renvoient aussi bien à la littérature qu’au mensonge. Mais cela n’est pas juste : les phrases qui composent le texte littéraire ne sont pas plus « fausses » qu’elles ne sont « vraies » ; les premiers logiciens modernes (Frege, par exemple) avaient déjà remarqué que le texte littéraire ne se soumet pas à l’épreuve de vérité, qu’il n’est ni vrai ni faux, mais, précisément, fictionnel. Ce qui est devenu un lieu commun aujourd’hui.
Une telle définition est-elle satisfaisante ? On pourrait se demander si l’on n’est pas en train ici de substituer une conséquence de ce qu’est la littérature à sa définition. Rien n’empêche une histoire qui relate un événement réel d’être perçue comme littéraire ; il ne faut pour cela rien changer dans sa composition, mais simplement se dire qu’on ne s’intéresse pas à sa vérité et qu’on la lit « comme » de la littérature. On peut imposer une lecture « littéraire » à n’importe quel texte : la question de la vérité ne se posera pas parce que le texte est littéraire, et non inversement. »

Tzvetan Todorov, La notion de littérature, 1987.
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2021-03-05 22:49:01
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2021-03-05 22:49:01 « Il faut commencer par mettre en doute la légitimité de la notion de littérature : ce n’est pas parce que le mot existe, ou qu’il est en usage dans l’institution universitaire, que la chose va de soi.
On pourrait trouver à ce doute des raisons, d’abord, tout empiriques. On n’a pas encore fait l’histoire complète de ce mot et de ses équivalents dans les différentes langues et aux différentes époques ; mais un coup d’œil même superficiel sur la question révèle qu’il n’a pas été toujours présent. Dans les langues européennes, le mot « littérature », dans son sens actuel, est tout récent : il date à peine du XVIIIe siècle. S’agirait-il donc d’un phénomène historique, et nullement « éternel » ? Par ailleurs, de nombreuses langues (de l’Afrique, par exemple) ne connaissent pas de terme générique pour désigner toutes les productions littéraires ; et nous n’en sommes plus à l’époque de Lévy-Bruhl, pour trouver l’explication de ce manque dans la fameuse nature « primitive » de ces langues qui ignoreraient l’abstraction et donc aussi les mots qui désignent le genre plutôt que l’espèce. A ces premières constatations s’ajoute celle de l’éparpillement que connaît actuellement la littérature : qui oserait trancher aujourd’hui entre ce qui est littérature et ce qui ne l’est pas, face à la variété irréductible des écrits qui s’offrent à nous, dans des perspectives infiniment différentes ?
Ces arguments ne sont pas décisifs : une notion peut avoir droit à l’existence sans qu’un mot précis du vocabulaire lui corresponde ; mais il conduit à un premier doute sur le caractère « naturel » de la littérature. Cependant, l’examen théorique du problème ne nous rassurera pas davantage. D’où nous vient la certitude qu’une entité comme la littérature existe bien ? De l’expérience : nous étudions les œuvres littéraires à l’école, puis à l’université ; nous trouvons ce type de livres dans des magasins spécialisés ; nous sommes habitués à citer les auteurs « littéraires » dans la conversation courante. Une entité « littérature » fonctionne dans les relations intersubjectives et sociales, voilà ce qui semble incontestable. Soit. Mais qu’a-t-on prouvé par là ? Que, dans un système plus vaste, qui est telle société, telle culture, il existe un élément identifiable, auquel on se réfère par le mot « littérature ». A-t-on démontré en même temps que tous les produits particuliers qui assument cette fonction participent d’une nature commune, que nous avons également le droit d’identifier ? Nullement. »


Tzvetan Todorov, La notion de littérature, 1987.
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