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Читаю литературу и поэзию на французском языке.
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2021-03-17 22:40:33 « À force de s’instruire et d’acquérir des idées, l’homme finit par acquérir l’idée de science, c’est-à-dire l’idée d’un système de connaissance conforme à la réalité des choses et déduit de l’observation. Il cherche donc la science ou le système des corps bruts, le système des corps organisés, le système de l’esprit humain, le système du monde : comment ne chercherait-il pas aussi le système de la société ? Mais, arrivé à ce sommet, il comprend que la vérité ou la science politique est chose tout à fait indépendante de la volonté souveraine, de l’opinion des majorités et des croyances populaires ; que rois, ministres, magistrats et peuples, en tant que volontés, ne sont rien pour la science et ne méritent aucune considération. Il comprend du même coup que si l’homme est né sociable, l’autorité de son père sur lui cesse du jour où sa raison étant formée et son éducation faite, il devient l’associé de son père ; que son véritable chef et son roi est la vérité démontrée ; que la politique est une science, non une finasserie ; et que la fonction de législateur se réduit, en dernière analyse, à la recherche méthodique de la vérité.
Ainsi, dans une société donnée, l’autorité de l’homme sur l’homme est en raison inverse du développement intellectuel auquel cette société est parvenue, et la durée probable de cette autorité peut être calculée sur le désir plus ou moins général d’un gouvernement vrai, c’est-à-dire d’un gouvernement selon la science. Et de même que le droit de la force et le droit de la ruse se restreignent devant la détermination de plus en plus large de la justice, et doivent finir par s’éteindre dans l’égalité ; de même la souveraineté de la volonté cède devant la souveraineté de la raison, et finira par s’anéantir dans un socialisme scientifique. La propriété et la royauté sont en démolition dès le commencement du monde ; comme l’homme cherche la justice dans l’égalité, la société cherche l’ordre dans l’anarchie.
Anarchie, absence de maître, de souverain, telle est la forme de gouvernement dont nous approchons tous les jours, et que l’habitude invétérée de prendre l’homme pour règle et sa volonté pour loi nous fait regarder comme le comble du désordre et l’expression du chaos. On raconte qu’un bourgeois de Paris du XVIIe siècle ayant entendu dire qu’à Venise il n’y avait point de roi, ce bon homme ne pouvait revenir de son étonnement, et pensa mourir de rire à la première nouvelle d’une chose si ridicule. Tel est notre préjugé : tous tant que nous sommes nous voulons un chef ou des chefs ; et je tiens en ce moment une brochure dont l’auteur, zélé communiste, rêve comme un autre Marat de la dictature. Les plus avancés parmi nous sont ceux qui veulent le plus grand nombre possible de souverains, la royauté de la garde nationale est l’objet de leurs vœux les plus ardents. Bientôt sans doute quelqu’un, jaloux de la milice citoyenne, dira : Tout le monde est roi ; mais quand ce quelqu’un-là aura parlé, je dirai, moi : Personne n’est roi ; nous sommes, bon gré mal gré nous, associés. Toute question de politique intérieure doit être vidée d’après les données de la statistique départementale ; toute question de politique extérieure est une affaire de statistique internationale. La science du gouvernement appartient de droit à l’une des sections de l’Académie des sciences, dont le secrétaire perpétuel devient nécessairement premier ministre ; et puisque tout citoyen peut adresser un mémoire à l’Académie, tout citoyen est législateur ; mais, comme l’opinion de personne ne compte qu’autant qu’elle est démontrée, personne ne peut mettre sa volonté à la place de la raison, personne n’est roi. »

Pierre-Joseph Proudhon, Qu'est-ce que la propriété ? ou Recherche sur le principe du Droit et du Gouvernement, 1840.
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2021-03-16 23:11:43
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2021-03-16 23:11:42 Ce livre est le déroulement d’une enquête à partir de l’observation d’un fait. Il se trouve que cette enquête mène loin.
En partant de l’examen, assez prosaïque, de l’investissement américain en Europe, on découvre un univers économique qui s’affaisse — le nôtre — des structures politiques et mentales — les nôtres — qui cèdent devant la poussée extérieure, les prémices d’une faillite historique ; la nôtre.
On pense naturellement à dresser des défenses, à empêcher l’envahisseur de pénétrer. Mais toute mesure « défensive » risque d’aggraver notre faiblesse. En cherchant pourquoi, on tombe sur l’essentiel : la guerre, car c’en est une, ne nous est pas livrée à coups de dollars, de pétrole, de tonnes d’acier, ni même de machines modernes, mais à coups d’imagination créatrice, et de talent d’organisation.
Une quinzaine, au moins, d’experts européens, de qualité et d’autorité, savent ces choses depuis quelque temps, et ils les ont très bien dites ; ils n’ont pas été entendus. Le déroulement de notre enquête c’est, essentiellement, l’assemblage de ce que ces hommes ont aperçu, décrit, et mesuré.
Mais si chaque pièce, séparée, du puzzle a été regardée avec une évidente distraction par ceux qui doivent éclairer les options et guider l’opinion, l’ensemble ne peut plus être ignoré. L’événement qu’il forme, le danger qu’il traduit, sa taille et sa puissance, dominent et fascinent. Au point que le risque serait maintenant de tomber de l’ignorance dans le découragement.
Peut-être, le jour viendra-t-il où il n’y aurait plus qu’à regarder l’Europe, comme foyer de civilisation, s’engloutir. Mais ce jour n’est pas venu ; il est encore temps d’agir.
Agir comment ? Se battre contre quoi ? C’est moins l’absence d’une volonté européenne qui est à redouter que son imprécision.
Car la General Motors n’est pas la Wehrmacht, l’affaire Bull n’est pas Munich, et le Concorde n’est pas Sedan. C’est la première grande guerre sans armes ni armures. S’il y avait aujourd’hui un autre André Malraux, ce n’est plus avec l’héroïsme des combats de Terruel qu’il ferait vibrer l’âme d’une génération, mais avec la lutte fabuleuse pour la conquête de la métallurgie du Titane ou, féroce, pour la maîtrise de l’univers mental des circuits-intégrés.
A défaut d’un grand poète lyrique les faits eux-mêmes sont chargés de puissance et d’émotion. Il suffit d’observer, tel l’hirondelle célèbre, l’investissement américain raser d’abord le sol avec un bruit léger, de ne plus le quitter des yeux, pour voir ce qu’il porte avec lui, comment « il s’élance, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne… ». Le voici.


Jean-Jacques Servan-Schreiber, Le Défi américain, 1967
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2021-03-15 22:25:34
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2021-03-15 22:25:34 « Je tombai sur un Voltaire. Ô ciel ! m’écriai-je, qu’il a perdu de son embonpoint ! Où sont ces vingt-six volumes in quarto, émanés de sa plume brillante, intarissable ? Si ce célèbre écrivain revenoit au monde, qu’il seroit étonné ! — Nous avons été obligés d’en brûler une bonne partie, me répondit-on. Vous savez que ce beau génie a payé un tribu un peu fort à la foiblesse humaine. Il précipitoit les idées & ne leur donnoit pas le temps de mûrir. Il préféroit tout ce qui avoit un caractere de hardiesse à la lente discussion de la vérité. Rarement aussi avoit-il de la profondeur. C’étoit une hirondelle rapide, qui frisoit avec grace et légéreté la surface d’un large fleuve, qui buvoit, qui humectoit en courant : il faisoit du génie avec de l’esprit. On ne peut lui refuser la premiere, la plus noble, la plus grande des vertus, l’amour de l’humanité. Il a combattu avec chaleur pour les intérêts de l’homme. Il a détesté, il a flétri la persécution, les tyrans de toute espece. Il a mis sur la scene la morale raisonnée & touchante. Il a peint l’héroïsme sous ses véritables traits. Il a été enfin le plus grand poëte des François. Nous avons conservé son poëme, quoique le plan en soit mesquin ; mais le nom de Henri IV le rendra immortel. Nous sommes surtout idolâtres de ses belles tragédies, où règne un pinceau si facile, si varié, si vrai. Nous avons conservé tous les morceaux de prose où il n’est pas bouffon, dur ou mauvais plaisant. Mais vous savez que vers les quinze dernières années de sa vie, il ne lui restoit plus que quelques idées qu’il représentoit sous cent faces diverses. Il rabachoit perpétuellement la même chose. Il livroit le combat à des gens qu’il auroit dû mépriser en silence. Il a eu le malheur d’écrire des injures plates & grossieres contre J. J. Rousseau, & une fureur jalouse l’égaroit tellement alors qu’il écrivoit sans esprit. Nous avons été obligés de brûler ces misères, qui l’eurent infailliblement deshonoré dans la postérité la plus reculée. Jaloux de sa gloire plus qu’il ne le fut, pour conserver le grand homme nous avons détruit la moitié de lui-même. »


Louis-Sébastien Mercier, L'An 2440, rêve s'il en fut jamais, 1774.
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2021-03-14 23:16:51
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