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Читаю литературу и поэзию на французском языке.
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2021-03-31 22:39:52 « Ils étaient cinq, aux carrures terribles, accoudés à boire, dans une sorte de logis sombre qui sentait la saumure et la mer. Le gîte, trop bas pour leurs tailles, s’effilait par un bout, comme l’intérieur d’une grande mouette vidée ; il oscillait faiblement, en rendant une plainte monotone, avec une lenteur de sommeil.

Dehors, ce devait être la mer et la nuit, mais on n’en savait trop rien : une seule ouverture coupée dans le plafond était fermée par un couvercle en bois, et c’était une vieille lampe suspendue qui les éclairait en vacillant.

Il y avait du feu dans un fourneau ; leurs vêtements mouillés séchaient, en répandant de la vapeur qui se mêlait aux fumées de leurs pipes de terre.

Leur table massive occupait toute leur demeure ; elle en prenait très exactement la forme, et il restait juste de quoi se couler autour pour s’asseoir sur des caissons étroits scellés aux murailles de chêne. De grosses poutres passaient au-dessus d’eux, presque à toucher leurs têtes ; et, derrière leurs dos, des couchettes qui semblaient creusées dans l’épaisseur de la charpente s’ouvraient comme les niches d’un caveau pour mettre les morts. Toutes ces boiseries étaient grossières et frustes, imprégnées d’humidité et de sel ; usées, polies par les frottements de leurs mains.

Ils avaient bu, dans leurs écuelles, du vin et du cidre, aussi la joie de vivre éclairait leurs figures, qui étaient franches et braves. Maintenant ils restaient attablés et devisaient, en breton, sur des questions de femmes et de mariages. »


Pierre Loti, Pêcheur d'Islande, 1886.
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2021-03-30 23:23:03
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2021-03-30 23:23:03 CIV

Le traitement que subissent, particulièrement en Italie, ceux qui reçoivent une éducation ― et faut-il le dire, ceux-là sont bien rares ―, résulte d'une conspiration ourdie par la faiblesse contre la force, par la vieillesse contre la jeunesse. Les vieillards disent toujours aux jeunes gens : « Fuyez les plaisirs de votre âge, si dangereux et contraires aux bonnes mœurs ; fuyez-les parce que ces plaisirs dont nous avons joui tant et plus et auxquels nous sacrifierions encore volontiers, les années maintenant nous les interdisent. N'allez pas vous mettre en tête de vivre à l'heure présente, mais contentez vous d'obéir, prenez votre mal en patience, travaillez, et vous penserez à vivre lorsqu'il sera trop tard. La sagesse et l'honnêteté veulent que les jeunes gens s'abstiennent de faire usage de leur jeunesse, excepté pour se tuer à la tâche. Laissez-nous disposer de votre sort et de tout ce qui vous concerne au premier chef afin que nous en dirigions le cours à votre avantage. Certes, à votre âge, nous faisions tout le contraire, et nous le referions si nous pouvions rajeunir : mais prêtez uniquement l'oreille à ce que nous vous disons, et ne vous occupez pas de nos intentions ou de nos actes. Si vous suivez nos conseils, croyez-en les spécialistes de la condition humaine que nous sommes, vous serez heureux. »
Il n'est à mes yeux de pire imposture que de promettre à de telles conditions le bonheur à des jeunes gens sans expérience. Bien sûr, les plaisirs et les faits et gestes de la jeunesse sont toujours susceptibles de troubler la tranquillité publique ou privée, et la bonne éducation, ou plutôt ce qu'il est convenu de nommer ainsi, consiste en grande partie à duper celui qui la subit afin qu'il sacrifie son intérêt personnel à celui des autres. Cela mis à part, les vieillards tendent naturellement, dans la mesure de leurs forces, à ruiner la jeunesse, à la faire disparaître de la vie humaine, car elle représente pour eux un spectacle exécrable. De tout temps, les vieux se sont ligués contre les jeunes parce que de tout temps les hommes ont eu la bassesse de condamner et de proscrire chez les autres les biens qu'ils désiraient le plus pour eux-mêmes. Et ce n'est un secret pour personne que les précepteurs, qui plus que quiconque font profession de vouloir le bonheur de leur prochain, ne cherchent pour la plupart qu'à priver leurs élèves du plus précieux des biens, c'est-à-dire de la jeunesse. Il est plus remarquable encore que tout comme les autres éducateurs, il ne se trouve jamais ni père ni mère pour éprouver quelque remords à dispenser aux enfants une éducation fondée sur de si néfastes principes. Il n'y a pas lieu de s'en étonner, car depuis longtemps déjà, pour d'autres motifs, l'élimination de l'enfant en l'homme est considérée comme une œuvre méritoire.
Tout ce que l'on peut récolter d'une culture si déplorable, qui ne profite qu'au jardinier au détriment de la plante, se réduit à peu de choses : d'un côté, l'on a ceux qui vivent en vieillards leurs années fleuries puis se rendent ridicules et malheureux quand ils ont pris de l'âge en voulant vivre comme des jeunes hommes ; de l'autre, comme il arrive plus souvent, c'est la nature qui l'emporte et ceux-ci, vivant leur jeunesse en dépit des leçons reçues, se rebellent contre des éducateurs qui, s'ils avaient favorisé l'épanouissement de leurs qualités juvéniles, auraient pu en réguler le cours en s'appuyant sur une confiance qu'ils n'eussent jamais perdue.


Giacomo Leopardi, Pensées.
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2021-03-29 22:38:18
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2021-03-29 22:38:17 « Il est vrai, sans mensonge, certain, & très véritable : Ce qui est en bas, est comme ce qui est en haut ; et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour faire les miracles d'une seule chose. Et comme toutes les choses ont été, & sont venues d’un, par la médiation d’un : ainsi toutes les choses ont été nées de cette chose unique, par adaptation. Le soleil en est le père, la lune est sa mère, le vent l’a porté dans son ventre ; la Terre est sa nourrice. Le père de tout le telesme de tout le monde est ici. Sa force ou puissance est entière, si elle est convertie en terre. Tu sépareras la terre du feu, le subtil de l’épais doucement, avec grande industrie. Il monte de la terre au ciel, et derechef il descend en terre, & il reçoit la force des choses supérieures et inférieures. Tu auras par ce moyen la gloire de tout le monde ; et pour cela toute obscurité s’enfuira de toi. C'est la force forte de toute force : car elle vaincra toute chose subtile, et pénétrera toute chose solide. Ainsi le monde a été créé. De ceci seront & sortiront d'admirables adaptations, desquelles le moyen en est ici. C’est pourquoi j'ai été appelé Hermès Trismégiste, ayant les trois parties de la philosophie de tout le monde. Ce que j’ai dit de l'opération du Soleil est accompli, et parachevé. »


La Table d’émeraude d’Hermès Trismégiste, père des Philosophes, traduit de la version latine par l’Hortulain. Titre en latin : Tabula smaragdina Hermetis Trismegisti.
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2021-03-28 23:14:49
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2021-03-28 23:14:49 « Nous avons parlé d'une société secrète pré-hitlérienne, la société du Vril, qui brassait ces légendes avec les thèses soutenues par l'écrivain anglais Bulwer Lytton dans son roman La Race qui nous supplantera. Pour les membres de cette société, des êtres possédant un pouvoir psychique supérieur au nôtre habitent des cavernes au centre de la terre. Ils en sortiront un jour pour régner sur nous.
À la fin de la guerre de 1914, un jeune aviateur allemand prisonnier en France, Bender, découvre de vieux exemplaires du journal de Teed : L'Épée de Feu, ainsi que des brochures de propagande en faveur de la terre creuse. Attiré par ce culte et illuminé à son tour, il précise et développe cette doctrine. Rentré en Allemagne, il fonde un mouvement, le Hohl Welt Lehre. Il reprend les travaux d'un autre Américain, Marshall B. Gardner, qui, en 1913, avait publié un ouvrage pour démontrer que le soleil n'était pas au-dessus de la terre, mais au centre de celle-ci et qu'il émettait des rayons exerçant une pression qui nous maintient sur la croûte concave.
Pour Bender, la terre est une sphère de même dimension que dans la géographie orthodoxe, mais elle est creuse et la vie se trouve plaquée sur la face interne par l'effet de certaines radiations solaires. Au-delà, c'est le roc à l'infini. La couche d'air, à l'intérieur, s'étend sur soixante kilomètres, puis se raréfie jusqu'au vide absolu du centre où se trouvent trois corps : le soleil, la lune et l'univers fantôme. Cet univers fantôme est une boule de gaz bleutée dans laquelle brillent des grains de lumière que les astronomes appellent des étoiles. Il fait nuit sur une partie de la concavité terrestre lorsque cette masse bleue passe devant le soleil, et l'ombre de cette masse sur la lune produit les éclipses. Nous croyons à un univers extérieur, situé au-dessus de nous parce que les rayons lumineux ne se propagent pas à en ligne droite : ils sont courbes, à l'exception des infra-rouges. Cette théorie de Bender devait devenir populaire aux environs de 1930. Des dirigeants du Reich, des officiers supérieurs de la Marine et de l'Aviation croyaient à la terre creuse.

Il nous paraît tout à fait insensé que des hommes chargés de la direction d'une nation aient pu régler en partie leur conduite sur des intuitions mystiques qui nient l'existence de notre univers. Il faut cependant bien voir que, pour l'homme simple, pour l'Allemand de la rue dont l'âme avait été labourée par la défaite et la misère, l'idée de la terre creuse, aux environs de 1930, n'était pas plus folle, après tout, que l'idée selon laquelle des sources d'énergie illimitée seraient contenues dans un grain de matière, ou que l'idée d'un univers à quatre dimensions. La science, depuis la fin du XIXe siècle, s'engageait sur une route qui n'était pas celle du bon sens. Pour des esprits primaires, malheureux et mystiques, toute étrangeté devenait admissible et, de préférence, une étrangeté compréhensible et consolante comme la terre creuse. Hitler et ses camarades, hommes sortis du peuple et adversaires de l'intelligence pure, devaient considérer les idées de Bender comme plus admissibles que les théories d'Einstein qui découvraient un univers d'une infinie complexité, d'une infinie délicatesse d'approche. Le monde selon Bender était apparemment aussi fou que le monde einsteinien, mais il ne fallait pour y pénétrer qu'une folie de premier degré. L'explication de l'univers par Bender, sur des prémisses folles, se développait de manière raisonnable. Le fou a tout perdu, sauf la raison.
Le Hohl Welt Lehre, qui faisait de l'humanité la seule présence intelligente dans l'univers, qui ramenait cet univers aux seules dimensions de la terre, qui donnait à l'homme la sensation d'être enveloppé, enfermé, protégé, comme le fœtus dans la sein de la mère, satisfaisait certaines aspirations de l'âme malheureuse, repliée sur l'orgueil et pleine de hargne contre le monde extérieur. C'était en outre la seule théorie allemande que l'on puisse opposer au Juif Einstein. »

Jacques Bergier et Louis Pauwels, Le matin des magiciens, 1960.
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