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« CHAPITRE III « On n’écrit point assez. « La paresse, la méf | Читаю вещи

« CHAPITRE III
« On n’écrit point assez.

« La paresse, la méfiance de ses propres forces, la modestie et la retenue sont les causes de ce mal qui prive souvent le public d’un grand nombre d’ouvrages utiles et curieux.
« Je ne sais par quelle fatalité, pour les Lettres, on trouve toujours des hommes paresseux et savants tout à la fois, comme si ce vice entrait dans le caractère d’un homme spirituel, ou du moins qu’il en fût presqu’inséparable. On en cherche quelquefois des raisons, prises dans la nature, la délicatesse des organes, l’abondance des lumières, la peine qu’a un bon esprit à se contenter, ce sont souvent des prétextes frivoles dont autorise sa négligence. Combien avons-nous d’excellents livres, travaillés par des hommes aussi spirituels, aussi délicats et aussi érudits que le sont ceux que je blâme ici ? Vous en trouverez de plus sicères, qui avouent sans façon que le plaisir d’être paresseux leur semble préférable au plaisir de composer un ouvrage.
« La méfiance de ses propres forces retient quelques-uns dans le silence ; ils ne savent pas tout ce qu’ils peuvent. La timidité répand sur leur esprit un voile qui les embarrasse, qui leur dérobe une partie de leurs lumières, qui leur cache tout ce qui anime les autres à travailler, qui les rend incertains, inconstants, toujours prêts à laisser imparfait ce qu’ils ont commencé ; bien différents de ces écrivains hardis, présomptueux, qui, sans presque lever la plume, commencent et achèvent un ouvrage. »

Abbé Joseph Antoine Toussaint Dinouart, L’Art de se taire, principalement en matière de religion, 1771.